Ils ont dû approcher la voiture,

Deux lignes écrasent la mousse jusqu'à l'ocre des falaises.

Ils ont dû avoir froid,

Un tas de cendres éparpillées jonche le plateau de calcaire.

Ils ont dû marcher dans la peinture,

Des pas de géant mènent nulle part.

Il a dû s'isoler, quelques taches de couleur, là-bas, au fond du petit cirque de pierre.

Ils ont dû se battre,

Le rocher semble saigner.

Ils ont dû courir et courir encore,

Les petits chemins s'emmêlent et se démêlent.

Ils ont dû rêver,

Deux tons de bleu cicatrisent la blessure d'un tronc.

Il a dû se reposer,

Un petit rocher a pris la couleur du ciel.

Ils ont dû manquer de toile,

Le sol est blanc.

Ils ont dû bâcher,

Des lambeaux de ficelle lieuse, s'accrochent encore aux branches du bosquet.

Ils n'ont pas dû aimer le terne de cet arbre, à le couvrir de couleurs.

Ils ont dû aimer en secret,

Un large coeur rose étale ses lobes sur le tapis de lichens.

Ils ont dû touiller, brasser, remuer de vieux fonds de couleur,

Et les vieilles tiges ont repris de la mine.

Ils ont dû peindre la toile à même le sol,

Un carré de mousse vierge se détache d'un réseau d'éclaboussures huileuses.

Ils ont dû rire et crier,

C'est maintenant le silence des oiseaux.