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L'écrit du deuxième landais — Christophe


Ce que j'aime dans Landes, c'est le Gaulois qui détermine son nom, ce sont des pierres qui n'attendent que d'être exposées en plein vent pour chanter, c'est le bruit des poubelles qu'on roule le soir, une fois par semaine, c'est l'arrivée dans un champ et son clocher avec ou sans ses querelles qui émerge d'un trou, d'une vallée, et les maisons qui l'entourent qu'on prend en pleine face au fur et à mesure qu'on avance, c'est un enchevêtrement de maisons aux toits en ardoises ou en tuiles, c'est une place ouverte à toutes les directions, c'est La Poste, Épicerie, Les Halles Gauloises, Boucherie-Charcuterie qui regardent, bavardes, une église du XIe ou du XIIe, altière et silencieuse, recueillie, c'est le beau temps qui fait parler les gens, c'est l'abri du bus qui ressemble à un lavoir sans lavandière, des graffitis &emdash;ROCKY&emdash; à la craie qui s'effacent quand il pleut, un tour de l'église en plein vent, les enfants qui courent et qui jouent, les gens qui parlent des heures devant les commerces, ce sont les impasses et les passages quasiment secrets et cachés qui ne se livrent pas facilement, c'est la rue du Pommier Rond, l'impasse de La Fraternelle, celle du Nuisement, c'est l'écriteau en bois, cassé par le milieu posé sur un des murs de l'église et sur lequel on peut lire «déposer des ordures» et qui laisse deviner des batailles pour cet espace toujours à l'ombre, un oiseau qui a laissé ses plumes et qui est venu mourir derrière l'église, à l'abri des regards, c'est un solex intrigué qui passe et repasse, c'est la cloche qui, à heures régulières, rappelle le temps qui passe, ce sont les tripes à l'ancienne qu'on déguste sur l'ardoise, c'est un ruisseau paisible qui finira bien par se jeter dans la mer, c'est la vie du matin sur la place et partout ailleurs, la sieste de l'après midi et le soir, la fumée qui sort attirée par le ciel en hiver, ce sont les fenêtres qui cachent des regards curieux et inquisiteurs, c'est le calme paisible, entre Beauce et Loire, d'un village qui respire, c'est la carotte défraîchie d'un café fermé, ce sont les mains qui saluent en s'avançant derrière les pare-brise et qui cachent les visages qu'on ne reconnaît pas, aveuglés par le soleil, ce sont les autos qui traversent le village de part en part, connues ou inconnues et qu'on suit d'un regard distrait...