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Carole

 

   
 La personne que je recherche est proche de la nature et je me lance à sa poursuite car il aurait été regrettable de se quitter sans plus d'explications. Mademoiselle Solange H. mon amie d'enfance était de passage et subitement après une discussion dans le milieu de l'après-midi vers 16 H, elle décide de prendre la clef des champs. Je m'empresse de la suivre le plus discrètement possible et je suis à quelques pas derrière elle. Elle tourne la tête à droite et observe un jardin. Son regard semble attiré par des fleurs jaunes, des jonquilles je crois. C'est vrai, nous sommes au printemps mais la saison n'a plus d'importance. Elle repart d'un pas hésitant puis accélère pour finalement traverser la route et regarder au travers d'un grillage. Au loin, il me semble apercevoir un cabanon lui aussi isolé dans cette campagne.
Elle continue son chemin sur la berne et j'ai comme l'impression qu'elle sent ma présence. Je me glisse derrière un tronc d'arbre assez volumineux et j'attends qu'elle daigne repartir. Après quelques minutes, elle se décide. Son pas est plus lent, elle paraît plus tranquille. Sa colère se serait-elle dissipée ? A quoi peut-elle penser ? Elle s'arrête sur un pont et scrute au loin une propriété. C'est un moulin. Elle baisse les yeux. Le mouvement de l'eau a dû éveiller sa curiosité. Un canard se laisse flotter gentiment au gré de l'eau. Elle poursuit sa route et regarde sa montre.   Déjà une demie heure de passée, il est temps de faire une pause.
  Elle voit des troncs d'arbres et court pour s'assoir. J'irais bien la rejoindre mais je préfère la laisser méditer. Elle ferme les yeux et j'en fais autant.
Je suis allongée sous un arbre et le mouvement des branches me berce. Je vais m'assoupir lorsqu'un bruissement me ramène à la réalité.Il est 17 H et mon amie a disparu. Je reprends la route. Il n'y a qu'une seule issue pour regagner le village. Elle n'a pas pu rebrousser chemin sinon je l'aurais entendue. J'accélère la cadence pour la rattraper. Sur ma droite au loin, s'élève un champignon au milieu d'une prairie.

Ce château d'eau réveille une sensation de soif. Je continue, je la vois, elle est arrêtée au stop. Même à pied, elle respecte le code de la route... Mais non, elle admire le mur en face envahi de lierre ainsi que la barrière sous le porche.

Elle tourne à gauche et arrive à hauteur du pont où elle se penche. Elle reste immobile le regard fixé sur le barrage.

Subitement, elle se retourne et je rentre brusquement dans une propriété.

Heureusement, les grilles étaient ouvertes. Je me retrouve devant un lampadaire et des portes de garages fermées.

L'inspiration me revient et j'ai trouvé une solution à notre malentendu. Je m'empresse de la rejoindre. Elle longe un grand mur, notre mur où un tas de tuiles est entreposé. Je lui saisis la main et notre conversation reprend, assises sur les balançoires...


CAROLE, mars 2003