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Quatrième évocation

 

Assises, les jambes posées sur le bas d'un meuble en bas, elles attendent. Le banc bouge. C'est fort, la musique.

Le bruit des mouvements me fait lever la tête.

Un instrument se promène. Un homme le tient. Il le promène, l'emmène dans les coins.

Une mère et son enfant entrent dans l'église. Une petite fille appelle son papa.

La musique continue. Elle tremble, elle cherche son souffle, son chemin. Elle pleure, elle gémit, elle s'arrête puis se gargarise dans un souffle comme une baudruche qui se meurt. Chacun est là, regarde autour de lui, à la fois seul et plein de ce musicien.

Un oeil caché par le banc, l'autre rieur, Arthur me regarde puis part en courant.

Le brouhaha de l'instrument me fait sursauter. Ah ! oui. Ils sont là.

L'homme s'en va mais pas l'instrument. Il s'arrête.

De côté, cette jeune femme est belle. Ses traits sont fins. Elle penche sa tête. Elle écoute ? Elle regarde. Des enfants entrent. Un enfant pleure.

L'homme revient. Il crie fort, il est pressé. Sa musique le dit. Elle se plaint, elle voudrait revenir mais il ne veut pas. Elle se fâche, elle s'obstine, il résiste, elle se calme, lui parle doucement, lui susurre des secrets. Il écoute, elle sanglote, s'éteint un peu, cherche. Elle lui parle doucement, des petits mots qui font des petits bruits. Il se débat, il a peur, il piétine, trépigne. Elle se tait, elle a peur, elle avance, l'effleure. Il est fatigué. Il se repose, l'écoute. Elle n'ose plus parler. Elle essaie de l'envelopper de son air mélodieux. Elle hésite. Il ne dit rien. Elle continue. Silence. Elle s'obstine, crie sa mélodie. Rien.

Les enfants jouent.

L'instrument n'est plus seul.

Les enfants rient.

Les cymbales répondent en se fâchant.

Les enfants parlent. Une femme entre avec son enfant dans les bras. Elle regarde les vitraux puis les gens.

C'est doux, les bruits sont clairs.

Le clocher.

Toute seule une serrure et sa clef. Elle ouvre quoi ? Un trou, sans porte.