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Huitième évocation

 

Invitation singulière de sirène, où happés par quelque souffle sonore, les murs, plusieurs fois centenaires, disparaissent par un enchantement subtil où se mêlent à la fois les reflets et l'or et la moire.

Les halètements répondent au diable riant, dominant un Christ en gloire crucifié, dans un rire qui renvoie à des temps immémoriaux ; un temps sans division, un temps d'avant toutes les chutes.

Des inflexions, des plaintes d'un métal rare, comme encore non dégagées des minéraux qui les retiennent prisonnières, tombent simplement en une cascade cristalline, source d'un désert imaginaire qu'on ne découvre que lorsqu'on s'y repose &emdash; en un râle-mourir &emdash; dans une retraite solitaire.

Les sons les plus graves pénètrent le chêne bien épais par une magie précieuse pour s'épanouir dans un corps abandonné et immobile et plus attentif encore que n'importe quel appareil sensitif.

Divinement apocalyptiques, en quelques échos sous l'oeil incrédule ou bienveillant de quelques bambins, d'un évêque qui respire dans sa fresque, des évangélistes à côté d'un Dieu, des drapés montent et tombent dans une chaleur inconnue.

L'espace qu'on investit, c'est soi, guidé par une main sûre et sereine.

L'ascension provoque la perte de tout repère ; seul le fil ténu d'un chant sans mélodie retient encore dans un monde de pierres inégales, rugueuses et blanches.

Pourquoi les yeux, sans cesse sont attirés vers le ciel ? Énigmatique secret indéchiffrable. Je retiens violemment quelques éléments d'une réponse incompréhensible dans un battement d'ailes aérien.

C'est davantage de vie intérieure.

L'arc-en-ciel des sentiments en quelques instantanés d'instants rares : une invitation au voyage, autrement belle.

La souffrance joyeuse d'une évocation innommable et indicible me gagne ; et puis un sommeil qui m'envahit sereinement pour m'engloutir enfin...

On sent les présences chaleureuses et amicales dans un espace sacré, portées par le souffle brûlant d'un matin de mai soprano, saxophone en rupture, souffleur d'un au-delà musical dans une plainte de sanglots longs qui berce mon coeur d'une langueur jamais monotone.

Kwâ... kpâ... bli, bi, fi, gli, ti, bli, bli, bi, bli, bli

bi bi bi xa... xa... xaxaxaxaxaxaxa

tchoc sche sche sche scha scha .... bo hi blib ib bi i

Déjà la perte d'un instant de grâce. Ex-voto à accrocher (marbre véritable, quatre clous d'or, sans fioritures).

Déjà l'absence d'un espace où seule la sonorité réveillera le souvenir capable d'évoquer ces perles d'instants rares inégalés : une larme véritable et garantie sans cinéma un samedi treize mai deux mille à Landes-le-Gaulois, dans son église.