Un parking rempli de véhicules automobiles, étrangement peu peuplée cette allée qui mène droit à l'entrée du supermarché, emblème de la société de consommation et haut lieu du commerce moderne. A l'entrée justement, ce n'est pas la cohue mais une confusion de gens allants et venants. Dans le magasin le flou domine, la profusion et le tape à l'oeil sature les sens. Les affiches racoleuses aux couleurs criardes sont légion, pas de repos pour le client devant l'offre pléthorique, il en devient difficile de résister à l'achat. Dans une allée anonyme un couple de personnes âgées Mr et Me X font leurs courses, pour l'instant leur caddie est vide. Au croisement des allées, ils rencontrent un autre couple un peu plus jeune, et la discussion s'engage, visiblement tous ces gens se connaissent. Rayon librairie personne, mon regard s'attarde sur quelques titres prometteurs, un peu plus loin la BD a plus de succès sans pour autant attirer la foule. En tête de gondole c'est l'incompréhension totale devant l'écran tactile de la borne information. Tiens! Matrix est sorti en DVD, deux hommes regardent le film sur grand écran. Un peu plus loin prés du centre, un homme siffle tout en cueillant de-ci delà ses courses dans les rayons, le tout sous les regards amusés et légèrement condescendants des autres personnes. Encore plus loin mais toujours prés du centre, Mr et Me X un quart d 'heure plus tard, cinq kilos de gazon dans le caddie, on prend le temps de vivre ce grand moment de loisir. Toujours dans le centre, une dame de connaissance toute surprise par mon activité, elle évoque les caméras qui font comme moi mais pas pour les mêmes raisons. Pas beaucoup plus loin, le rayon cosmétique où deux femmes se reniflent mutuellement pour le choix d'un parfum. Ailleurs le long d'un linéaire croulant sous des tonnes de produits divers, un homme d'âge mûr hésite, tourne et retourne une petite boîte de rien du tout; il se dit que non, la repose, se détourne du rayonnage, me contourne et s'en va plus loin. De retour dans le centre, Mr et Me X une demi-heure plus tard, cinq kilos de gazon et six rouleaux de papier hygiénique dans le caddie, dommage je n'ai plus de temps pour eux il me faut sortir. Aux caisses les gens patientent le regard absent et vide, plongés dans leurs pensées, mais pas tous car même en payant notre bon siffleur siffle toujours.