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  [...] ce que j'aime dans Naples, c'est l'odeur de mazout mêlée à la poussière suffocante, c'est la sueur des visages qui pestent contre le désordre ordinaire, c'est un pressing ouvert pour vendre des billets de loto, c'est la rue qui se rétrécit pour fuir une église, c'est une madone qui pleure des larmes de sang, c'est le miracle qui marche sur une montagne de friandises, c'est le sucre glacé qu'on ajoute pour faire joli, c'est le scooter qui sillonne les avenues en zigzaguant, c'est la télé allumée jour et nuit, c'est le sourire d'une belle femme qui attend son homme, c'est une patrouille de police qui fait semblant de mettre de l'ordre, c'est la grève de la Camorra et la manifestation des voyous, c'est le musée national qui tourne le dos aux hurlements de la vieille ville, c'est un parking qui enlaidit encore plus la piazza Dante, c'est un restaurant au menu unique, c'est le funiculaire qui se prend pour un train magique [...]

Tahar Ben Jelloun, Labyrinthe des sentiments, Stock

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